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Travail/ Bernard N’doumi (président du Conseil National du travail) : “ NOUS AVONS CONTRIBUÉ AU DÉNOUEMENT DE LA CRISE À LA SICOGI ”

Mardi 20 Mars 2012
 
Créé en novembre 2005, le Conseil national du travail (Cnt) est une institution d’utilité publique. Artisan de la trêve sociale, cet instrument est si peu connu. Son président, Bernard N’doumi en situe les enjeux.

Bernard N’doumi

 

Quel rôle joue le Conseil national du travail dans cette phase post-crise de la Côte d’Ivoire?
Pour parler du conseil, il faut parler de son environnement. Le Conseil agit dans le milieu du travail. Dans les relations du travail, il y a un employeur et un travailleur qu’on appelle des partenaires sociaux et au-dessus d’eux, le gouvernement qui organise les relations de travail ; en prenant des lois, des textes qui régissent ces relations de travail. Le gouvernement étant un employeur, donc il peut se trouver en conflit avec un de ses travailleurs. Le Conseil national du travail est l’organe qui est chargé de mettre ensemble les partenaires sociaux, de façon à ce que le nœud ne soit pas coupé même quand ils sont en conflit. C’est un organe de dialogue social. La mission du Cnt est d’agir en amont. Grâce au dialogue social, on peut éviter d’éventuels conflits. Mais si les conflits surviennent, le Cnt veille à trouver des solutions idoines pour que le milieu du travail reste en permanence apaisé. Le Cnt contribue donc au maintien d’un climat apaisé. Il émet aussi des avis et des recommandations sur toutes les questions qui peuvent avoir de l’influence sur le monde du travail. Par exemple, si les décideurs prennent une décision économique susceptible d’avoir un impact sur le milieu du travail, le Cnt peut attirer l’attention du gouvernement et lui faire des propositions pour éviter les conflits.

En quoi le dialogue social peut-il contribuer au développement ?
Une entreprise en conflit ne peut pas produire. Pour qu’elle le fasse, il faut un climat apaisé. Dans le dossier Sicogi par exemple, on s’est rendu compte que si l’employeur avait pris la peine d’écouter ses employés, on aurait évité ce qui est arrivé. D’où l’importance de cet instrument qu’est le dialogue social. Il faut soigner cet instrument et veiller à sa pérennité. Nous voulons jouer notre rôle de veille et non de pompier.

Un organe d’une telle importance, créé depuis 2005, est peu connu. Comment vous l’expliquez ?
Nous avions deux attitudes. Nous étions en pleine crise et il y avait presque une urgence à mettre en place le Cnt. Aussitôt créé, nous nous sommes mis véritablement au travail, parce que le front social était déjà en ébullition. On a commencé plutôt à être opérationnel avant de faire sa promotion. Rassurez-vous, les travailleurs nous connaissent. Mais, pour le grand public, il était important qu’on se fasse connaître.

Qu’est-ce qui différencie le Cnt de l’inspection du travail?
L’inspection du travail est une autorité administrative qui est chargée de veiller à la bonne application des lois dans les relations de travail entre employeur et travailleur. Alors que le Cnt a pour mission de faire en sorte qu’il n’y ait pas de conflit. Si le conflit survient, il y a certes la loi, mais nous, nous faisons en sorte que les partenaires sociaux qui sont en conflit, parviennent à un compris acceptable par tous. Alors que l’inspecteur du travail se bornera à veiller à ce que la loi soit appliquée. Nous sommes donc complémentaires. Parce qu’on peut commencer le règlement d’une situation par l’inspection du travail et finir chez nous au Cnt. En règle générale, quand le dossier arrive chez nous, c’est que toutes les voix de recours sont épuisées.

Quel est le plus grand dossier que vous avez eu à traiter ?
C’est celui de la Sicogi. C’est un conflit qui a défrayé la chronique en Côte d’Ivoire. Ce conflit a été géré directement par l’autorité compétente qui est le ministère du Travail à travers l’inspection du Travail, la direction du Travail. L’arbitrage du ministre de tutelle a été sollicité, mais il a trouvé le dossier Sicogi épineux. Il s’est donc tourné vers le Président de la République. Celui-ci a consulté son organe de dialogue social pour avis avant de décider. C’est une marque de confiance, parce que nous avons réussi à réunir les deux parties sur la même table de négociation. Alors que c’était presque impossible auparavant. Nous venions de naître, mais nous avons pu faire une recommandation au Président de la République. Du fait de la crise électorale, les autorités d’alors n’ont pas eu le temps de se pencher sur cette recommandation. Celle qui mettait les parties devant leurs responsabilités. Le jugement rendu a été d’une justice sociale telle que les parties elles-mêmes ont reconnu la justesse de notre recommandation.
On a eu d’autres dossiers moins importants pour lesquels nous avons agi par anticipation, de sorte que des velléités d’arrêt de travail et de conflits latents étaient souvent étouffées dans l’œuf. Cela, grâce à notre mission de veille.

La promotion du travail décent est aussi de votre prérogative?
Le travail décent est une émanation du Bureau international du travail, le Bit, tout comme le dialogue social. Ce sont des instruments pour réguler le monde du travail. Si nous réglons les conflits, forcément nous nous intéressons au travail bien fait. Le travail ne doit plus être un lieu où on vient souffrir ou se battre. Mais pour s’épanouir.

Quels rapports avez-vous avec les formations syndicales ?
Nous ne sommes pas en contact avec les syndicats, mais plutôt les organisations d’employeurs et le ministère en charge du Travail. Cependant, l’avantage que nous avons, c’est que siègent au Cnt les premiers responsables des organisations syndicales les plus représentatives.

L’expérience de plusieurs pays montre que les risques de conflit sont plus grands là où un déficit de travail décent est constaté, quel plan national du développement de l’emploi préconisez-vous ?
Notre rôle, c’est d’apporter notre modeste contribution au gouvernement. Nous avons eu un séminaire récemment qui avait pour centre d’intérêt l’emploi. Dans un pays qui sort de crise, la première des questions à régler, c’est l’emploi. Ne dit-on pas que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Si les gens avaient un emploi, jamais ils ne prendraient les armes. Les questions d’emploi sont donc au centre de nos préoccupations.

La pérennité suppose que vous avez en boîte des perspectives?
Nous sommes à la croisée des chemins. Nous étions dans une situation particulière. Nous avons joué le rôle des pompiers. Nous sommes en train d’en sortir. Nous réfléchissons donc sur les voies et moyens pour être plus efficient et apporter notre contribution à la construction du pays. Nous avons déjà des dossiers qui nous attendent, notamment la convention collective, le code du travail. Nous allons donc donner nos recommandations au gouvernement sur toutes ces questions.

La rentrée solennelle du Cnt s’inscrit-elle donc dans cette dynamique ?
Normalement, nous fonctionnons en sessions. Une session ordinaire ou une session extraordinaire. Habituellement, on ouvre la session autour d’un thème. Il faut donc rendre hommage à notre secrétaire permanent qui nous a proposé cette autre forme d’activité. La rentrée solennelle est un moyen de nous ouvrir au grand public. Elle nous permettra de faire la promotion de notre institution. C’est pourquoi nous avons choisi comme parrain le président du Conseil économique et social, Marcel Zadi Kessy. La rentrée aura lieu en présence du ministre de tutelle.


Interview réalisée par
Germaine Boni
 
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